Moustapha Diallo, Fédération Internationale à Dakar
Dans la banlieue de Dakar et dans plusieurs régions du Sénégal touchées par les inondations, des milliers de sinistrés luttent pour leur survie. La plupart de ces personnes vivent dans des maisons inondées, dans une humidité étouffante et dans des conditions d'hygiène déplorable qui les exposent aux maladies hydriques mais aussi aux reptiles qui ont fait leur apparition dans certains quartiers.
A Kaolack, au Centre du Sénégal, la cohabitation des populations avec les ordures melées aux eaux, font redouter des flambées de maladies infectieuses. Dans la région de Saint-Louis, au nord du pays, des quartiers et plusieurs villages, se sont aujourd'hui vidés de leurs populations à cause des inondations.
« Il a plu sans arrêt pendant trois jours. Même les maisons en dur n'ont pas résisté aux fortes pluies à plus forte raison celles qui étaient en paille et bambou. On n'avait jamais vu cela auparavant » raconte Amadou Abdoul Ba, le Chef du village de Lougdemis, au nord du Sénégal.
A Ouagadougou, au Burkina Faso, la situation se stabilise progressivement, un mois après la désolation causée par les inondations du 1er septembre 2009.
« Après l'aide d'urgence apportée aux populations, nous nous employons à les aider au relèvement et à modeler notre programme d'assistance à leurs besoins et en fonction des fonds recueillis par notre appel» explique Brigitte Gaillis, Chef de l'Opération sur les inondations au Sénégal et au Burkina Faso.
Avec le soutien des équipes internationales spécialisées en eau et assainissement, santé, logistique et secours, venues prêter main forte aux Sociétés Nationales de la Croix-Rouge du Sénégal et du Burkina Faso, l'aide s'organise.
Des abris pour les populations de Lougdemis
A Rosso, au nord Sénégal, une nouvelle vie commence pour les populations de Lougdemis, un village complétement ravagé par les inondations. Grâce à la Fédération Internationale et ses partenaires, 127 tentes ont été installées pour les sinistrés, avec le concours des volontaires de la Croix-Rouge Sénégalaise.
Amadou Abdoul Ba, le chef du village, vient d'y emmenager avec sa famille. Pour oublier le cauchemar de Lougdemis, lui et les membres de sa communauté ont rebaptisé leur nouveau site, Medina Mountaga Daha Tall.
« Avec ce camp et l'appui de la Croix-Rouge, nous allons essayer de redemarrer nos activités d'élèvage et prospecter des sites favorables à la riziculture dans les alentours » explique Amadou Abdoul Ba, qui, il y a une semaine dormait à la belle étoile avec sa famille et tous les membres de son village.
Restaurer l'espoir au Burkina Faso
Au Burkina Faso, il a été décidé de relocaliser l'ensemble des sinistrés accueillis dans les écoles sur des sites alternatifs, avec la rentrée des classes. D'après la Croix-Rouge Burkinabé, près de 60,000 personnes devraient être relogées dans ces sites.
Sur les nouveaux sites alternatifs, les volontaires de la Croix-Rouge Burkinabé organisent des campagnes d'éducation et de prévention sur les maladies liées à l'eau et aident les populations à accrocher les moustiquaires sous les tentes. Ils ont déjà installé 2 tanks de 10000 litres d'eau sur le site de l'hippodrome qui abrite plus de 5000 sinistrés et construit 14 blocs de 6 latrines dans 5 autres sites.
Dans l'arrondissement de Nongr Massom qui abrite un site alternatif, la Croix-Rouge Burkinabé y a organisé une distribution d'articles de première nécessité pour 1000 familles, avec l'aide de la Fédération internationale. Ces opérations de distribution se poursuivent dans d'autres sites.
Une initiative qui redonne de l'espoir aux nombreux sinistrés, à l'image de Ouédraogo Alizèta, une veuve de plus de 50 ans qui a bénéficié de cette assistance.
« Merci à la Croix-Rouge » dit-elle visiblement émue.
Tout comme elle, des milliers de personnes touchées par les inondations en Afrique de l'Ouest et du Centre ont reçu une assistance de la Fédération internationale, par le biais des Sociétés Nationales de la Croix-Rouge et d'autres donateurs.
Prévenir les inondations, une priorité
En marge du programme d'assistance, quelques 2500 familles au Burkina Faso recevront des kits d'abris et seront éduquées dans la construction de maisons plus sûres, capables de résister aux inondations. Des activités similaires auront lieu au Sénégal.
Avec le début de la saison pluvieuse en Afrique Centrale, l'alerte est maximale à la Fédération internationale.
« Dans quelques jours, nous aurons les prévisions saisonnières du Centre Africain des Applications Météorologiques pour le Développement (ACMAD) pour l'Afrique Centrale. En attendant, nos stocks d'urgence sont renforcés à Yaoundé (Cameroun) et en RDC pour parer à toute éventualité», souligne Youcef Ait-Chellouche, Coordonnateur de la Gestion des Catastrophes au Bureau de la FICR à Dakar.
Le 10 septembre, la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) avait lancé deux appels d'urgence d'un montant global de 4,8 millions (US$ 4,6 millions ; € 3,2 millions) pour soutenir les Sociétés Nationales de la Croix-Rouge du Burkina Faso et du Sénégal à venir en aide aux victimes des inondations dans ces deux pays.
Auparavant, elle avait lancé un appel « Alerte précoce, action anticipée » basé sur les prévisions météorologiques, afin de préparer les populations à risque à travers ses Sociétés Nationales de la région et en positionnant des stocks d'urgences dans des lieux stratégiques. Les opérations au Sénégal et au Burkina Faso et dans la sous-région ont été soutenues par l'OPEC et certains gouvernements par le biais des Sociétés de Croix-Rouge et Croissant-Rouge Américaine, Belge, Britannique, Canadienne, Danoise, Espagnole, Finlandaise, Japonaise, Luxembourgoise, Néerlandaise, Suédoise, Suisse, et des Emirats Arabes Unis ainsi que de l'Ambassade d'Allemagne à Dakar et le mouvement de solidarité des employés du bureau de l'OMS à Genève.